Les inconvénients de poser du carrelage sur du carrelage

Maison et jardin

Poser du carrelage sur un ancien carrelage peut sembler pratique et rapide, mais cette méthode présente plusieurs inconvénients notables qu’il vaut mieux connaître avant de se lancer. Même si elle permet d’éviter la dépose, elle peut générer des complications à moyen et long terme, tant sur le plan technique qu’esthétique. Dans cet article, nous faisons le point sur les limites de cette solution pour vous aider à faire un choix éclairé, selon vos contraintes, vos attentes et votre budget.

Surépaisseur et conséquences sur les seuils, portes et meubles

Le premier inconvénient majeur concerne la surépaisseur créée par la nouvelle couche de carrelage. En ajoutant 8 à 12 mm de carrelage (épaisseur moyenne standard), auxquels s’ajoutent 3 à 5 mm de colle, on peut atteindre une surélévation de 13 à 17 mm. Ce changement de niveau peut rapidement devenir problématique, surtout si les pièces sont déjà équipées de menuiseries ou de mobiliers encastrés.

Les portes intérieures, en particulier, risquent de frotter contre le nouveau sol ou même de ne plus pouvoir s’ouvrir. Cela implique souvent de devoir les raboter, voire de les remplacer. Les seuils de porte deviennent aussi des zones sensibles : la marche entre deux pièces peut être inconfortable, notamment pour les personnes âgées ou à mobilité réduite. C’est aussi un risque en termes de sécurité, surtout dans les couloirs ou zones de passage fréquent.

Enfin, si la cuisine est équipée de meubles sur mesure ou encastrés, la surépaisseur peut rendre le démontage et le réajustement très complexe, voire impossible sans travaux supplémentaires.

Adhérence compromise en cas de carrelage existant non conforme

La réussite d’une pose de carrelage sur carrelage repose entièrement sur l’adhérence entre l’ancienne surface et la nouvelle. Si le carrelage existant est mal fixé, présente des microfissures, des carreaux décollés ou des joints dégradés, le risque de décollement à long terme est important.

État des joints et stabilité globale

Un carrelage ancien avec des joints fissurés ou creusés est un signal d’alerte. Cela indique souvent un vieillissement du support ou une pose initiale de qualité médiocre. Même si la surface semble plane, la structure peut ne pas supporter une nouvelle charge de manière uniforme. L’ajout d’une couche de carrelage rigide sur un support instable accentue les tensions et augmente le risque de fissures ou de bruit de claquement à chaque pas.

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Nécessité d’un primaire d’accrochage

Pour garantir une bonne accroche, il faut appliquer un primaire d’adhérence sur l’ancien carrelage, ce qui ajoute une étape supplémentaire. Sans ce traitement, la colle à carrelage n’adhère pas correctement à la surface vitrée de l’ancien revêtement. Ce produit a un coût (entre 3 et 5 € le m²) et demande un temps de séchage avant la pose, ce qui allonge le chantier.

Difficultés de rattrapage de planéité et d’alignement

Un ancien carrelage n’est pas toujours parfaitement plan. Les irrégularités peuvent être invisibles à l’œil nu mais se ressentir au moment de la pose. Même des écarts de 2 à 3 mm peuvent compromettre l’alignement du nouveau carrelage, surtout si vous optez pour des grands carreaux de 60 x 60 cm ou plus.

Dans certains cas, ces défauts imposent un ragréage complet de la surface, ce qui alourdit le budget et le temps d’exécution. Comptez entre 10 et 15 € par m² pour une couche fine de ragréage autolissant, sans compter la main-d’œuvre.

En cas de pose sur un ancien carrelage bombé ou affaissé, on peut également rencontrer des soucis au niveau des plinthes existantes, qui ne seront plus à la bonne hauteur ou qui révéleront un jour inesthétique entre le mur et le nouveau sol.

Risque accru de fissures à moyen terme

Un carrelage posé sur un support non préparé peut se fissurer plus rapidement qu’une pose sur chape neuve. Ces microfissures ne sont pas toujours visibles immédiatement, mais peuvent apparaître au bout de quelques mois sous l’effet des variations de température, de l’humidité ou des charges ponctuelles (meubles lourds, chocs répétés).

Transmission des défauts du support existant

Un ancien carrelage abîmé ou fragilisé transmet ses défauts au revêtement supérieur. La moindre faiblesse dans la colle de l’ancien carrelage ou un carreau mal scellé peut provoquer une instabilité. À la moindre tension, un carreau du dessus peut se casser ou se décoller. Dans ces cas, la réparation est difficile car elle nécessite l’arrachage des deux couches, ce qui multiplie les coûts.

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Fragilité des joints sur double couche

Les joints réalisés sur un carrelage en surépaisseur sont plus exposés à l’usure. Le moindre mouvement de la couche inférieure peut entraîner une fissuration du joint, même si les carreaux restent en place. Cela entraîne un vieillissement prématuré de l’esthétique du sol.

Complications lors d’une future rénovation ou réparation

Poser du carrelage sur du carrelage peut sembler être un gain de temps aujourd’hui, mais cela complique considérablement les travaux futurs. En cas de fuite d’eau, de changement de revêtement ou de réparation localisée, la présence de deux couches superposées rend l’intervention plus longue et plus coûteuse.

Accès difficile aux canalisations ou planchers chauffants

Si des gaines techniques, des câbles ou un plancher chauffant passent sous l’ancien carrelage, ils deviennent inaccessibles sans destruction complète des deux revêtements. Cette surépaisseur rend plus difficile la détection des fuites et augmente le coût des diagnostics (caméras thermiques, sondes, etc.).

Dépose beaucoup plus lourde

Lorsque vient le moment de changer de sol, la dépose devient une opération complexe. Il faut enlever non seulement la nouvelle couche, mais aussi l’ancien carrelage, qui peut avoir été scellé au mortier. Cela génère énormément de gravats, allonge le temps du chantier et augmente le coût global. En moyenne, la dépose complète d’un double carrelage coûte entre 20 et 35 € par m², contre 10 à 15 € pour une seule couche.

Impact thermique et acoustique non négligeable

Superposer deux couches de carrelage modifie les performances thermiques et acoustiques du sol. Cela peut poser problème selon la configuration du logement, notamment dans les appartements ou les pièces sensibles comme les chambres.

Sensation de sol froid accentuée

Le carrelage est un matériau conducteur. Ajouter une couche sans isolant intermédiaire accentue l’effet de sol froid, surtout si le logement est situé en rez-de-chaussée ou sur une dalle non isolée. Cela peut entraîner un inconfort en hiver, voire une surconsommation de chauffage.

Résonance et bruit d’impact amplifiés

Deux couches rigides de carrelage sans sous-couche acoustique augmentent la résonance des bruits de pas, de chocs ou de déplacement de meubles. Cela devient gênant dans les espaces partagés ou les bâtiments collectifs. Il existe des sous-couches spécifiques pour améliorer l’isolation phonique, mais leur pose est incompatible avec la superposition de carrelages sans ragréage important.

En tenant compte de l’ensemble de ces éléments, poser du carrelage sur un carrelage existant peut s’avérer plus complexe que prévu. Cette solution peut convenir à certains cas bien spécifiques, mais elle mérite une réflexion approfondie avant d’être mise en œuvre. Mieux vaut bien anticiper les impacts techniques, esthétiques et financiers pour éviter les mauvaises surprises.

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