Lorsque la chaudière produit de l’eau chaude sanitaire sans problème, mais que les radiateurs restent froids ou tièdes, cela indique souvent un dysfonctionnement partiel du système de chauffage. Ce type de situation est fréquent, en particulier au moment de la remise en route du chauffage en automne. Nous allons passer en revue les causes possibles et les solutions adaptées, en restant concrets et accessibles. L’objectif est de vous aider à diagnostiquer rapidement le souci et à intervenir vous-même lorsque c’est possible, avant de faire appel à un professionnel si nécessaire.
Vérifier la pression d’eau dans le circuit de chauffage
La pression du circuit de chauffage est cruciale pour le bon fonctionnement des radiateurs. Une pression insuffisante empêche l’eau chaude de circuler correctement, même si la chaudière fonctionne normalement pour produire de l’eau chaude sanitaire. La plupart des chaudières sont équipées d’un manomètre en façade indiquant cette pression, généralement en bars. Pour un système standard, la pression idéale se situe entre 1 et 1,5 bar à froid. Si elle est en dessous de 1 bar, il est probable que les radiateurs ne soient plus alimentés en chaleur.
Pour ajuster la pression, il suffit souvent d’ouvrir le robinet de remplissage du circuit, souvent situé sous la chaudière. Ce robinet est généralement bleu ou noir, avec un quart de tour à effectuer lentement. Une fois la pression revenue à un niveau normal, purgez les radiateurs si nécessaire pour éliminer l’air piégé dans le circuit. En cas de baisse régulière de pression, cela peut indiquer une fuite invisible ou un vase d’expansion défaillant, nécessitant un contrôle complet du réseau.
Contrôler le mode de fonctionnement de la chaudière
Les chaudières récentes fonctionnent souvent en double service : elles produisent de l’eau chaude pour la douche et les robinets, et assurent le chauffage de la maison via un circuit séparé. Il est possible que le mode “chauffage” soit désactivé ou mal configuré. Sur les modèles équipés d’un écran digital, un symbole (radiateur ou flamme) peut indiquer si la fonction chauffage est active. Si seul le mode eau chaude sanitaire est activé, les radiateurs resteront froids.
Vérifiez dans les réglages que la programmation du chauffage est bien active et que la température de consigne est suffisante (au moins 50 °C). Certains thermostats d’ambiance coupent automatiquement le chauffage si la température cible est atteinte. Assurez-vous que le thermostat fonctionne, que ses piles sont chargées, et qu’il est bien relié à la chaudière. Une mauvaise liaison ou un défaut de sonde peut bloquer tout le circuit chauffage sans impacter l’eau chaude sanitaire.
Identifier un blocage ou une panne de la pompe de circulation
La pompe de circulation est essentielle au circuit de chauffage. Elle permet à l’eau chaude de circuler entre la chaudière et les radiateurs. Si elle est bloquée, défectueuse ou mal alimentée, les radiateurs ne reçoivent plus de chaleur, même si la chaudière chauffe normalement l’eau. Ce type de panne peut survenir après une longue période sans chauffage, lorsque la pompe reste inactive plusieurs mois.
Un indice révélateur : la chaudière chauffe, la pression est correcte, mais aucun radiateur ne chauffe, même après plusieurs minutes. Sur certaines chaudières, un bruit de bourdonnement ou de vibration anormale peut indiquer que la pompe est alimentée mais bloquée mécaniquement. Vous pouvez parfois la relancer en dévissant le cache central de la pompe (généralement avec un tournevis plat) et en faisant tourner manuellement l’axe à l’intérieur.
Si la pompe est totalement silencieuse, il peut s’agir d’un problème électrique ou de carte de commande. Un test de tension à l’aide d’un multimètre peut déterminer si la pompe est encore alimentée. Si elle est hors service, son remplacement peut coûter entre 150 et 300 euros, pose comprise.
Inspecter les robinets thermostatiques et les vannes de radiateurs
Parfois, les radiateurs ne chauffent pas simplement parce que leurs vannes sont fermées, grippées ou bloquées en position fermée. C’est fréquent après l’été, lorsque les têtes thermostatiques restent en position zéro ou “hors gel” pendant plusieurs mois. Le petit axe métallique qui ouvre ou ferme l’arrivée d’eau peut alors rester coincé.
Il est possible de démonter la tête du robinet thermostatique (généralement à visser ou à clipser) pour accéder à cet axe. Avec une pince fine ou en exerçant une légère pression à la main, vérifiez si l’axe bouge librement. Si ce n’est pas le cas, un dégrippant peut suffire à le débloquer. Une fois libéré, remettez la tête en place et augmentez progressivement le réglage de température.
Ce problème peut toucher un ou plusieurs radiateurs, et ne concerne pas toute l’installation. C’est une cause fréquente dans les maisons anciennes ou les appartements avec des têtes thermostatiques anciennes ou peu entretenues. Vérifiez chaque radiateur un par un pour localiser les éventuelles obstructions.
Purger les radiateurs pour évacuer l’air piégé
Un excès d’air dans les radiateurs empêche l’eau chaude de circuler correctement. Cela se traduit souvent par des radiateurs chauds en bas mais froids en haut, ou par un bruit de glouglou à l’intérieur du circuit. La purge permet de chasser cet air et de restaurer une bonne circulation thermique.
Utilisez une clé de purge, généralement fournie avec l’installation, ou un simple tournevis plat selon le modèle. En ouvrant légèrement la vis de purge située en haut du radiateur, laissez l’air s’échapper jusqu’à ce que l’eau commence à couler régulièrement. Il est conseillé de commencer par les radiateurs les plus hauts du logement, puis de descendre vers les étages inférieurs si besoin.
Après chaque purge, la pression de la chaudière peut baisser légèrement. Vérifiez et réajustez cette pression si elle passe sous 1 bar. Une purge régulière (une à deux fois par an) permet de prévenir ces déséquilibres et d’assurer une diffusion homogène de la chaleur dans tout le logement.
Vérifier l’état du circulateur et du clapet de priorité sanitaire
Sur certaines chaudières, notamment les modèles mixtes, un clapet ou une vanne trois voies permet de basculer automatiquement entre la production d’eau chaude sanitaire et l’alimentation du circuit de chauffage. Si ce clapet reste bloqué en position “eau chaude”, l’eau ne circule plus vers les radiateurs.
Ce clapet est motorisé et peut se gripper avec le temps ou suite à une surtension électrique. Le diagnostic consiste à vérifier si le moteur du clapet est actif ou si la position du levier de sélection est correcte. Certains modèles permettent un test manuel en débrayant le moteur. Si le levier ne revient pas en position ou reste coincé, le remplacement est souvent nécessaire.
Le circulateur (pompe) peut aussi être affecté par une obstruction interne, du tartre ou une surchauffe. Dans ces cas-là, il est souvent possible de nettoyer le corps de pompe ou de remplacer la cartouche moteur. Les pièces détachées sont généralement disponibles chez les fabricants ou dans les magasins spécialisés. Le coût d’un moteur de vanne trois voies se situe entre 80 et 200 euros selon les marques.
Un diagnostic précis de ces éléments mécaniques permet souvent de résoudre le problème sans remplacer toute la chaudière, et d’assurer à nouveau un confort thermique optimal.